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Les cahiers des Talents de l’Outre-Mer

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Albuffy Gilmé, docteur en chirurgie dentaire

Originaire d’une famille nombreuse d’agriculteurs de Sainte-Anne de La Réunion, Gilmé quitte l’île après le bac afin de suivre l’internat de médecine de Marseille. Il devient docteur en chirurgie dentaire. Après son experience en métropole, il decide de porter ses compétences au profit de son île natale.

  • Votre choix professionnel actuel correspond à une vocation ?

Mon choix professionnel est un hasard. Jeune, je voulais être professeur de mathématiques ou pilote de chasse. Chemin faisant, je me suis orienté vers la médecine car ayant un ami malade d’une pathologie incurable, je voulais l’aider à aller mieux. Pour passer le concours de pilote de chasse, il fallait se rendre en métropole. En même temps, j’avais le choix entre faire la première année de médecine à la Réunion, en cas de réussite au concours aller en deuxième année à Bordeaux ou partir directement faire ma première année en métropole. J’ai opté pour la deuxième option pensant mettre plus de chances de mon côté. J’ai raté ma première année de médecine et je préparais en même temps le concours de pilote de chasse dans la marine nationale. J’ai échoué de justesse au concours de pilote de chasse et réussi le concours de médecine en redoublant ma première année.

PCEM 1 en poche, je ne me sentais plus de faire de très longues études pour devenir médecin. Etant plutôt manuel qu’intellectuel, j’ai opté pour des études dentaires. Je suis tombé dans mon élément et devenu passionné de ce métier. Je suis aujourd’hui chirurgien dentiste libéral et content de redonner le sourire aux gens.

  • Quel cursus avez-vous suivi afin d’exercer ce métier ?

Mon bac scientifique obtenu à la Réunion en poche, je pars pour Marseille passer le concours de première année de médecine. Obtenu à la deuxième tentative, je passe en deuxième année de dentaire et suis le cursus jusqu’à l’obtention de mon doctorat de chirurgie dentaire après validation de la sixième année. Je poursuis encore un peu les études pour passer quelques diplômes post-universitaires (Certificat d’Etudes Universitaires en Prothèse Fixée, Diplôme Universitaire d’Implantologie Orale, Attestation Universitaire de Sédation Consciente au MEOPA). En parallèle, je travaille en cabinet et assure quelques vacations d’attaché d’enseignement à la fac.

Recevoir le prix talent de l’Outre-Mer a-t-il eu un effet bénéfique sur ce parcours ? Recevoir ce prix en 2007 a eu pour moi un effet bénéfique sur le plan personnel, il n’y a pas eu d’effet sur mon parcours. C’est la reconnaissance d’un parcours, d’un courage, d’un sacrifice.

  • Avez-vous vécu comme un sacrifice le fait de quitter La Réunion pour des études en France ?

Oui, quitter la Réunion pour des études en Métropole a été pour moi un sacrifice. J’accorde une très grande importance à la Famille et quitter la mienne a été un déchirement très difficile à surmonter (comme la plupart des jeunes qui se rendent en métropole !). Quitter ce cadre de vie, ce paysage, ce climat, cette cuisine que j’affectionne a été un déracinement. Mais sans partir, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui, l’idée de faire ce métier ne m’aurait peut être même pas effleuré l’esprit ! Pour pratiquer mon métier, il faut obligatoirement partir, ce cursus n’existe pas à la Réunion.

  • Pouvez-vous citer trois qualités acquises au cours de votre expérience de mobilité ?

- Ouverture d’esprit
- Capacité d’analyse et de recul
- Volonté

  • Quel conseil donneriez-vous aux jeunes domiens afin de les motiver à suivre le chemin des Talents de l’Outre-Mer, notamment aux jeunes qui sont en proie à des difficultés dans nos îles ?

Il est vrai que rester dans l’Ile pour ceux qui se sont faits une situation est intéressante mais partir offre des possibilités inimaginables. Juste le fait de voir « l’extérieur » ouvre l’esprit. Notre point de vue n’est plus limité à notre petite Ile mais à un monde plus vaste où les opportunités risquent de se présenter plus facilement que ce soit à travers les études, les emplois, les voyages, les rencontres, l’amour. Les difficultés liées au départ s’estompent au fur et à mesure, on apprend le dépassement de soi, on relativise les choses plus facilement. Nous avons alors le choix de rentrer dans l’Ile avec un bagage d’expériences, de diplômes, d’un emploi pour ceux qui peuvent être mutés ou de rester pour ceux qui se sont faits une situation, s’y sentent bien ou n’éprouvent pas l’envie de revenir.

  • Vous avez mis vos compétences au profit de votre île natale. Comment avez-vous vécu ce "retour au pays natal" ?

Je suis revenu à la Réunion dans le cadre du Village de la Diaspora Réunionnaise en 2009 avec l’association Valcoré qui œuvre pour montrer des exemples de réussite de réunionnais à travers le monde entier. Nous étions plus de 80. Ce retour au pays a été pour moi un choix mais aussi une chance car de nombreuses personnes veulent comme moi revenir mais ne peuvent pas forcément pour des raisons diverses et variées. Je suis revenu avec un certain nombre de compétences que je peux pratiquer aujourd’hui sur mes compatriotes. Je me suis installé dans la zone où j’ai grandi et je fais la fierté de ceux qui m’ont connu plus jeune et surtout celle de ma famille.

  • Quels ont été les avantages et les inconvénients rencontrés sur place ?

Les avantages sont nombreux dans mon domaine. Etre créole et dentiste fait que les gens me font confiance plus facilement. Parler créole avec mes patients facilite la communication surtout avec les plus âgés. L’installation dans ma région natale encourage la venue des gens vers moi. Les inconvénients rencontrés concernent essentiellement ma recherche de financement pour mon installation. On m’a même dit que je suis trop jeune et trop ambitieux et qu’il faudrait que je travaille un peu avant de créer mon propre cabinet !

  • Quel regard portez-vous sur la situation socio-économique des départements d’Outre-Mer en 2013 ?

Mon regard est peut être faussé car je suis allé chercher ce que j’ai aujourd’hui, je ne dépends que de mes patients qui eux ont besoins de soins. La situation socio-économique est assez catastrophique car l’emploi se fait rare et on encourage les gens à percevoir les aides de l’état plutôt que de travailler. Ceux qui perçoivent un salaire paient presque tout, ceux qui ne travaillent pas reçoivent des aides en tout genre. Les gens ont peur d’entreprendre, de créer leur entreprise à cause de l’avenir économique incertains. Je pense que beaucoup de jeunes n’ont plus l’exemple du travail, ils attendent un contrat aidé et ne se démènent plus pour créer leur avenir. Il faudrait redonner le goût du travail au travers d’exemples de réussite, avantager ceux qui « se lèvent tôt » et donner « une carotte » à ceux qui ont le courage d’entreprendre.

  • Quels sont vos projets actuels ?

Depuis mon arrivée à la Réunion, j’ai créé mon cabinet dentaire, je me suis marié, j’ai eu un enfant. J’ai créé des emplois. J’ai ouvert une épicerie de quartier que j’ai transmis à un membre de la famille pour apporter emploi et activité dans la zone. Je suis en cours de création d’un centre d’amaigrissement dans la zone pour essayer d’apporter une solution au problème de surpoids dans l’Ile.

  • Quels sont vos passions, vos loisirs ?

Les oiseaux, voler.

  • Une devise pour l’Outre-Mer ?

Tout est possible !

*Questionnaire réalisé par Yola Minatchy