Actualités
Les cahiers des Talents de l’Outre-Mer
Grégory Francius, Chargé de recherches au CNRS à Nancy
Originaire de Guadeloupe, Grégory Francius a obtenu en 2011 une Habilitation à Diriger les Recherches, correspondant à une thèse d’Etat. Il effectue des recherche dans les nanobiotechnologies, avec en vue des applications dans le domaine de l’environnement et du biomédical.
Racontez-nous vos années d’études, votre parcours professionnel.
Après le Bac S obtenu en Guadeloupe, je me suis inscrit à l’Université de Strasbourg pour un DEUG de Physique et Chimie que j’ai obtenu en 2000, j’ai obtenu ma Licence de Chimie Physique en 2001, puis ma Maîtrise de Chimie Physique option Physique de la Matière Molle et Matériaux en 2002 et j’ai ensuite obtenu mon DEA de Chimie Physique option Matière Molle, Polymères et Matériaux en 2003. Je me suis inscrit alors en Thèse et j’ai été diplômé le 4 octobre 2006 du titre de docteur ès Chimie Physique de l’Université de Strasbourg.
J’ai réalisé mon stage post-doctoral en Belgique, Université Catholique de Louvain à l’Institut de la Matière Condensée et des Nanosciences dans le département Sciences de la Vie (laboratoire CIFA) de janvier 2007 à octobre 2008. J’ai entretemps passé le concours d’entrée des chargés de recherches du CNRS en mars 2008 dans la section 13 correspondant à l’un des départements de l’Institut National de Chimie. J’ai été classé 1er ex-aequo sur les 64 candidats et j’ai été affecté au LCPME – CNRS UMR7564 à Nancy en novembre 2008 en tant que chercheur. Enfin, en décembre 2011 j’ai obtenu mon HDR (Habilitation à Diriger les Recherches) correspondant à une thèse d’Etat, précieux sésame pour prendre un jour la direction d’un laboratoire.
Recevoir le prix talent de l’Outre-Mer a-t-il eu un effet bénéfique sur ce parcours ?
Non mais il s’agit pour moi d’une reconnaissance du parcours accompli.
Quitter votre terre natale a-t-il été vécu comme un sacrifice, un déracinement, une nécessité ? Que vous manque-t-il le plus de votre département d’origine ?
C’était à la fois un sacrifice et en même temps une nécessité étant donné que la filière n’existait pas encore à Fouillole à l’époque et que l’Université de Strasbourg figure parmi les universités européennes les plus prestigieuses en ce qui concerne la chimie et la physique (3 prix Nobel ces 20 dernières années).
Quelle est votre perception de la situation socio-économique en Outre-Mer ?
La situation me semble un peu meilleure qu’à la fin des années 90 mais le gros problème est la sous-utilisation des compétences et qualifications des jeunes diplômés dans les domaines économiques porteurs. Nombre d’entre eux sont brillants et surqualifiés par rapport aux postes qu’ils occupent actuellement. En parallèle, il n’y a pas suffisamment d’ouverture économique et d’échanges commerciaux/académiques avec les pays voisins. Les Outre-Mer ont en général un fort potentiel en économie, innovation et services mais malheureusement sous-exploité et insuffisamment valorisé.
Votre ressenti par rapport à l’insertion et à la représentativité des domiens au niveau local, national ou international ?
Que ce soit au niveau national ou international, la représentativité est insuffisante alors que l’insertion me semble meilleure.
Quel est votre regard sur le pays dans lequel vous vivez actuellement ?
La France est un pays qui a de nombreux atouts notamment dans sa jeunesse qui est globalement bien formée et qualifiée. C’est un pays qui doute beaucoup trop de ses capacités et qui devrait faire confiance en ces jeunes et surtout mettre en place les conditions pour ces élites puissent y développer leurs talents et s’épanouir.
Que pensez-vous du rôle du C.A.S.O.D.O.M*, le comité parisien à l’origine de la création du prix jeune talent et talent confirmé de l’Outre-Mer et de l’impulsion de notre Réseau ?
C’est un organisme essentiel pour la promotion et la valorisation de l’Outre-Mer. Le réseau permettra certainement à l’instar des Fondations universitaires aux Etats Unis qui mettent en place les passerelles entre le monde académique et les entreprises privées. Ce réseau sera l’occasion de promouvoir l’insertion professionnelle des jeunes diplômés.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes domiens afin de les motiver à suivre le chemin des Talents de l’Outre-Mer, notamment aux jeunes qui sont en proie à des difficultés dans nos îles ?
Dans la vie tout est possible, on peut partir « petit » et aller très loin, le plus important c’est le travail et les sacrifices qu’il faut concéder. En résumé si on veut, on peut à condition de travailler et de mettre le paquet.
Comment envisagez-vous d’apporter votre contribution à la cause de la mise en valeur de la compétence ultramarine, au Réseau des talents de l’Outre-Mer ?
Je pense diffuser les offres d’emplois CDD, CDI et stages de mon laboratoire mais aussi des labos de collègues issus d’autres universités françaises et européennes avec lesquels j’ai des collaborations en cours.
Pourriez-vous mettre à terme vos compétences au profit de votre île natale afin d’enrayer le phénomène de fuite des cerveaux ? En somme un "retour au pays natal" ?
C’est mon objectif de long terme, ouvrir un labo ou monter une équipe CNRS sur place.
Quels sont vos projets ?
Pour le moment j’ai à charge l’organisation d’atelier de formation CNRS et INSERM. Des projets ANR et FUI sont en cours dans le domaine des nanosciences et je souhaite prochainement organiser un congrès international Nanosciences et Nanomédecine en Outre-Mer dans les années qui viennent.
Quels sont vos passions, vos loisirs ?
Mes passions sont les voyages et la découverte des autres cultures (7 pays en 4 ans) et parmi mes loisirs c’est surtout les randonnées, footing et la plongée quand les lieux s’y prêtent.
Un livre de prédilection ? Une "bible" ?
Métaphysique quantique : Les nouveaux mystères de l’espace et du temps de Sven Ortoli.
Une idole, un modèle ou un penseur dans l’histoire, dans la fiction ou dans notre société actuelle vous accompagne ?
Raoul Georges Nicolo, un grand physicien guadeloupéen dont peu connaissent ses inventions dont nous nous servons au quotidien et dans la vie de tous les jours.
Quel geste faites-vous au quotidien afin de préserver l’environnement, de réduire votre bilan carbone ?
Le tri sélectif (4 poubelles) et les achats avec le moins d’emballage possible.
Un film, un reportage à recommander ?
Cheval de Guerre de Steven Spielberg ou le reportage de X:enius sur Les Mystères De La Physique Quantique.
Votre nourriture favorite ? Au sens propre et figuré.
La soupe de fruit à pain au sens propre et la chimie physique au sens figuré.
Un artiste que vous appréciez ?
Juan Luis Guerra
La musique que vous aimez fredonner ?
Du reggaeton (pegadito suavecito)
Une devise pour l’Outre-Mer ? Faisons de nos couleurs la force de demain
*Questionnaire réalisé par Yola Minatchy
Mots-clés : Recherche , Guadeloupe , Environnement , Santé
Articles populaires
Albuffy Gilmé, docteur en chirurgie dentaire, juin 2013Marie-Laure CLAIN, ingénieur agronome, janvier 2013
Fabrice Fontaine, enseignant-chercheur en Sciences de la Terre, juin 2014