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Les cahiers des Talents de l’Outre-Mer

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Isabelle Othily, chargée de mission chez Guyacom

A 25 ans, Isabelle Othily est revenue sur sa terre d’origine, la Guyane, après avoir voyagé entre Paris, Lyon, l’Argentine et le Mexique.

Votre choix professionnel actuel correspond à une vocation ?

Je ne pense pas que l’on puisse parler de vocation. J’ai intégré une prépa puis une école de commerce parce que ne sachant pas trop ce que je voulais faire, je me suis dit que c’était l’option qui m’ouvrirait le plus de portes. Et je ne me suis pas trompée.

Racontez-nous vos années d’études, votre parcours professionnel.

J’ai fait mes 2 ans de prépa à Lyon puis j’ai intégré l’EM LYON, école supérieure de commerce de Lyon. Pendant les presque 5 ans que j’ai passés à l’EM, j’ai eu la chance de pouvoir multiplier les expériences. J’ai commencé par m’investir dans le milieu associatif avec le bureau des sports et l’asso humanitaire de l’école. On a organisé un raid sportif dans le beaujolais de plus de 400 participants et on a aussi monté un projet de développement durable dans une vallée perdue de l’Atlas marocain. J’ai aussi profité de l’ouverture internationale de mon école pour m’ouvrir moi-même sur le monde. Baroudeuse dans l’âme, je suis partie en stage en Argentine pendant 6 mois et en échange universitaire au Mexique pendant 6 mois.

A la clé : l’espagnol maîtrisé, une adaptabilité au top et des expériences plein la tête. A l’EM, je me suis plutôt spécialisé dans la branche marketing. J’ai effectué un 1e stage dans une PME de cosmétique et un 2e dans un grand groupe Pernod Ricard…tout le temps dans des stages à dimension internationale.

A la fin de l’école, décrocher le 1e job a été plus compliqué et j’ai fini par me retrouver dans le conseil à Paris ; ce qui ne me correspondait pas vraiment. Depuis septembre, je travaille en Guyane, pour un opérateur local de télécommunications, GUYACOM. GUYACOM est spécialisé dans l’internet à haut débit pour les zones blanches, ces zones, qu’elles se trouvent dans l’intérieur de la Guyane ou sur le littoral, qui ne sont couvertes par aucun opérateur. J’aime l’approche de GUYACOM, à savoir d’être présent là où les autres ne sont pas et de toujours chercher à se débarrasser des économies d’échelles, ces dernières qui empêchent les autres opérateurs de ne serait-ce que songer à développer ces zones isolées. GUYACOM développe aussi des projets de coopération régionale notamment en reliant le Brésil à la Guyane par la fibre optique …donc la dimension internationale que j’ai toujours aimée, je la retrouve ici à Cayenne.

Recevoir le prix talent de l’Outre-Mer a-t-il eu un effet bénéfique sur ce parcours ?

Ce prix est plus une satisfaction personnelle, pour montrer que l’Outre-Mer se bouge et fait des choses. Après, le dispositif est assez méconnu donc je ne pense pas que cela m’a particulièrement aidé.

Quitter votre terre natale a-t-il été vécu comme un sacrifice, un déracinement, une nécessité ? Que vous manque-t-il le plus de votre département d’origine ?

Ayant grandi en métropole, mon approche est différente. Je dirais même que le questionnement s’est posé maintenant à mon arrivée en Guyane puisque je n’y avais jamais vécu. Même si je connais bien la Guyane pour y être venu très souvent, la mentalité, la manière de travailler n’est pas la même. C’est en quelque sorte un retour aux sources pour moi

Quelle est votre perception de la situation socio-économique en Outre-Mer ?

La Guyane est un département méconnu, mal aimé et pourtant plein de potentiel. La situation socio-économique est presque à l’inverse de la métropole : la population est très jeune , il y a du chômage certes mais les diplômés sont très recherchés car la Guyane manque cruellement de compétences. On voit des chantiers partout, l’exploitation de pétrole est envisagée de plus en plus sérieusement… La Guyane est dans la situation d’un pays émergent…tout est faire à condition d’être motivé. Je le vois dans le secteur des télécoms. Poser de la fibre optique en France serait impossible pour un petit opérateur comme nous mais ici c’est possible.

Ce qui me chagrine c’est le manque de vision pour développer la Guyane dans son environnement géographique. Vu notre situation, il est important de développer les échanges avec les pays voisins (Brésil, Surinam, Guyana), avec le Caricom (pays de la Caraibe) voire même l’Amérique du Sud et pas seulement la France comme on s’échine à le faire depuis toujours. Des avions pour Paris il y en a tous les jours, par contre, pour se rendre dans les pays voisins, la route est souvent la seule solution…et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. La Guyane est enclavée et cela tient aussi à nous de le changer.

Comment vivez-vous votre lien avec la France, la mère patrie ?

Je suis 100% française. J’ai la chance d’avoir des racines des 2 côtés de l’Atlantique. Je trouve juste dommage que la France, elle, ait du mal à reconnaître les domiens comme ses « enfants ». En étant en Guyane, on se sent délaissé parfois.

Quel est votre regard sur le pays dans lequel vous vivez actuellement ?

J’ai envie d’être optimiste ! La Guyane a du potentiel, reste à l’exploiter.

Que pensez-vous du rôle du C.A.S.O.D.O.M*, le comité parisien à l’origine de la création du prix jeune talent et talent confirmé de l’Outre-Mer et de l’impulsion de notre Réseau ?

Je suis contente de voir que le réseau se structure. Il est important de parler des DOM, de montrer que des domiens ont du talent et sont capables d’entreprendre. J’avais peur que cette initiative soit juste un moyen de s’autocongratuler l’espace d’une journée et qu’il n’y ait pas de réelle avancée derrière. Maintenant, je vois que ça bouge et c’est tant mieux. Cela sera peut-être le moyen de créer de synergies entre tous les DOM (et je dis tous les DOM car la Guyane est souvent laissée pour compte)

Comment envisagez-vous d’apporter votre contribution à la cause de la mise en valeur de la compétence ultramarine, au Réseau des talents de l’Outre-Mer ?

En étant en Guyane, je pourrai participer à des sensibilisations dans les collèges , lycées., université, école de commerce (toute nouvelle de cette année)... parler des cursus possibles en France.

Pourriez-vous mettre à terme vos compétences au profit de votre île natale afin d’enrayer le phénomène de fuite des cerveaux ? En somme un "retour au pays natal" ?

Un exemple involontaire de délaissement de la Guyane : la Guyane n’est pas une île. Ne nous oubliez pas quand vous parlez des DOM !

Quels sont vos projets ?

Pour le moment, être épanouie dans mon travail et contribuer au développement de mon entreprise.

Quels sont vos passions, vos loisirs ?

Je pratique le badminton depuis 12ans. J’aimerais aussi le développer ici en Guyane. Il y a du potentiel mais peu de formateurs. J’ai dans l’idée de monter un « échangé » avec mon ancien club en métropole pour faire partir des guyanais pour un stage en métropole et réciproquement.

Un livre de prédilection ? Une "bible" ?

L’alchimiste de Paulo Coelho

Une idole, un modèle ou un penseur dans l’histoire, dans la fiction ou dans notre société actuelle vous accompagne ?

Nelson Mandela

Un film, un reportage à recommander ?

Sur la Guyane : un pont trop loin . Reportage de France Ô sur le pont sur l’Oyapock avec enfin un point de vue nuancé et pas seulement un reportage mélodramatique sur les méchants orpailleurs clandestins et sur la dangerosité de la Guyane. http://vimeo.com/43175112

En général : Carnets de Voyage de Walter Salles. Une ode au voyage et une source d’inspiration.

Votre nourriture favorite ? Au sens propre et figuré.

Ce qui vient d’ailleurs (au sens propre comme au sens figuré) et un bon vieux ramequin de chez moi dans l’Ain.

La musique que vous aimez fredonner ?

Ça va de la soul au zouk en passant par la salsa, la pop et le jazz !

Une devise pour l’Outre-Mer ?

Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. Mark Twain

*Questionnaire réalisé par Yola Minatchy

Mots-clés : TIC , Communication , Guyane , Ecole de commerce