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Pascal Simon, consultant financier au Mexique

Diplômé de l’ESCP-EAP le Guyanais Pascal Simon, 29 ans, ets consultant spécialisé dans les problématiques d’inclusion financière des populations de pays en développement : "J’ai la chance aujourd’hui d’exercer une activité professionnelle qui me permet de me rendre aux quatre coins du monde et de découvrir des cultures très différentes les unes des autres et plus généralement les richesses de notre monde".

Votre choix professionnel actuel correspondait à une vocation ?

Mon activité professionnelle actuelle est le résultat d’une longue mutation et maturation personnelles opérées depuis mes années en école de commerce. Ayant d’abord suivi une majeure finance avec l’objectif de travailler en banque d’investissement, je me suis peu à peu réorienter vers le domaine de l’aide au développement dans les pays émergents.

Racontez-nous vos années d’études, votre parcours professionnel ?

Après l’obtention du baccalauréat, j’ai intégré une classe préparatoire aux grandes écoles de commerce. Au terme de deux années de travail intensif, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’une des toutes meilleures écoles de commerce française (une « parisienne » comme on dit), l’ESCP-EAP (aujourd’hui ESCP Europe), école à forte dynamique internationale. A l’ESCP Europe, j’ai suivi un cursus généraliste avec une dominante en Finance. J’ai également profité des nombreuses possibilités offertes aux étudiants de l’école pour effectuer un séjour d’échange universitaire de six mois à Monterrey au nord du Mexique.

Après l’obtention de mon diplôme, j’ai d’abord eu une rapide expérience dans un cabinet de conseil en France avant de m’envoler pour l’Espagne et y travailler pendant deux ans entre Madrid et Londres au sein d’une des principales banques françaises. En tant qu’analyste en financements structurés, mon rôle était alors de mettre en place des produits financiers pour apporter des financements à des grandes entreprises espagnoles tout en réduisant leurs risques et expositions. Après cette expérience très enrichissante, j’ai souhaité donné une toute autre dimension à ma carrière en devenant consultant spécialisé dans les problématiques d’inclusion financière des populations de pays en développement par l’intermédiaire des nouvelles technologies et en particulier du téléphone mobile. Voici donc quatre ans que j’accompagne des banques, institutions de microfinance ainsi que des organisations internationales telles que la Banque Mondiale à développer l’accès aux services financiers dans ces pays.

Recevoir le prix talent de l’Outre-Mer a-t-il eu un effet bénéfique sur ce parcours ?

Le prix talent de l’Outre-mer est à mon sens avant tout une reconnaissance de mon parcours académique et professionnel, même s’il me reste encore beaucoup à faire et que je m’estime encore loin des objectifs professionnels et personnels que je me suis fixés.

Quitter votre terre natale a-t-il été vécu comme un sacrifice, un déracinement, une nécessité ? Que vous manque-t-il le plus de votre département d’origine ?

Quitter la Guyane pour la métropole à l’âge de 15 ans fut avant tout vécu comme un déracinement, un mal nécessaire puisqu’à un moment ou un autre il m’aurait été nécessaire d’aller m’installer en métropole afin d’y poursuivre mes études dans une grande école de commerce. Le soleil, la joie de vivre de ses habitants, ma jeunesse insouciante ainsi que l’éloignement de ma famille me manquèrent particulièrement à mon arrivée en métropole… puis l’adaptation à ce nouvel environnement s’est faite progressivement et dès que le besoin de se ressourcer se précise, je n’hésite pas à m’envoler pour la Guyane et à y passer quelques jours hautement rafraichissants.

Quel est votre perception de la situation socio-économique en Outre-Mer ?

La situation socio-économique en Outre-mer est particulièrement frustrante. Territoires à fort dynamisme, marqués par une population jeune, et bénéficiant de positionnements géographiques uniques pour des régions et départements français (Amérique du sud, Caraïbe, Océan Indien…) il n’en demeure pas moins que les résultats économiques restent très éloignés des capacités affichées. A qui en incombe la responsabilité ? Je n’ai pas la réponse, mais il me paraît essentiel de mieux exploiter ces capacités afin de mettre en place les conditions d’un développement économique et social harmonieux.

Votre ressenti par rapport à l’insertion et à la représentativité des domiens au niveau local, national ou international ?

Les domiens sont à mon goût encore sous-représentés dans certains domaines de la vie publique et économique et continuent de souffrir d’une image réductrice mettant souvent en avant leurs capacités et résultats dans les domaines sportifs et culturels.

Quel est votre regard sur le pays dans lequel vous vivez actuellement ?

Je vis actuellement au Mexique, un pays d’Amérique Latine qui, bien que restant confronté à de nombreuses difficultés économiques et sociales couplées à une forte corruption, affiche malgré tout des niveaux de croissance relativement forts depuis plusieurs années. C’est un pays qui, dans une moindre mesure par rapport au Brésil son pendant en Amérique du sud, est en train de vivre une forte mutation surtout économique mais aussi sociale avec l’objectif avoué de rejoindre à terme le rang des grandes puissances économiques.

Que pensez-vous du rôle du C.A.S.O.D.O.M*, le comité parisien à l’origine de la création du prix jeune talent et talent confirmé de l’Outre-Mer et de l’impulsion de notre Réseau ?

Le C.A.S.O.D.O.M permet de mettre en avant les parcours brillants de ressortissants d’Outre-mer, trop souvent méconnus aux yeux du grand public. A ce titre c’est une association qui joue un rôle vital pour encourager les jeunes ultramarins à se donner les moyens d’aller au bout d’eux-mêmes et atteindre les mêmes résultats académiques et professionnels que leurs pairs, une manière de dire, ils l’ont fait, vous pouvez également le faire.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes domiens afin de les motiver à suivre le chemin des Talents de l’Outre-Mer, notamment aux jeunes qui sont en proie à des difficultés dans nos îles ?

Le message que je souhaiterais transmettre aux jeunes domiens est de se fixer des objectifs et ne jamais se mettre de barrières à la réalisation de ceux-ci. Quelques soient vos difficultés, elles ne sont pas insurmontables, au contraire vous devez puiser dans celles-ci et en faire une source de motivation.

Comment envisagez-vous d’apporter votre contribution à la cause de la mise en valeur de la compétence ultramarine, au Réseau des talents de l’Outre-Mer ?

Par mon engagement au sein du réseau des talents de l’Outre-mer, j’ai l’intention de servir la cause des ultramarins et en particulier de sa jeunesse talentueuse mais trop souvent laissée pour compte. Cela se manifestera bien entendu par des actions de promotions entreprises par le réseau, mais également au quotidien par l’écoute et les conseils que j’apporterai aux jeunes qui m’en feront la demande.

Pourriez-vous mettre à terme vos compétences au profit de votre département natal afin d’enrayer le phénomène de fuite des cerveaux ? En somme un "retour au pays natal" ?

J’ai l’intention, à plus ou moins long terme, de mette à profit l’ensemble de mes expériences accumulées dans des environnements sociogéographiques proches de nos territoires et ainsi contribuer au développement économique et social de la Guyane et plus généralement des DOMs.

Quels sont vos passions, vos loisirs ?

Je suis un passionné de voyage. J’ai la chance aujourd’hui d’exercer une activité professionnelle qui me permet de me rendre aux quatre coins du monde et de découvrir des cultures très différentes les unes des autres et plus généralement les richesses de notre monde. A mes heures perdues je pratique le basket-ball, le golf et la plongée et apprécie aller au cinéma ou regarder une bonne série à la télévision.

Un livre de prédilection ? Une "bible" ?

« Dreams from My Father » de Barack Obama qui raconte le parcours exemplaire d’un homme et démontre que quelques soient les barrières qui se dressent devant nous, rien n’est impossible.

Quel geste faites-vous au quotidien afin de préserver l’environnement, de réduire votre bilan carbone ?

Je marche 1h par jour (30min aller et 30min retour) pour me rendre au bureau, réduisant ainsi mon bilan carbone tout en évitant d’accentuer le taux de pollution à Mexico, déjà très élevé.

Quelle serait votre cité idéale dans ce monde en mutation, en crise ?

La cité idéale serait selon moi un environnement dans lequel la performance économique est au service de l’épanouissement individuel et social sans qu’il y ait de laissés pour compte. Trop souvent la recherche exacerbée du profit nuit aux intérêts de la société, la crise actuelle nous l’a démontré. La notion de bien-être individuelle est tout aussi importante que le résultat économique, et peut même y contribuer d’ailleurs.

Une devise pour l’Outre-Mer ?

Outre-mer sans limite ni barrière.

Mots-clés : Grande école , Solidarité internationale , Finance , Guyane , Ecole de commerce , Mexique , Gestion