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Modèle d’ailleurs : la Corée du Sud

85% des Coréens expatriés reviennent travailler dans leur pays natal... Ancienne colonie du Japon, historiquement et militairement liée aux Etats-Unis, la Corée du Sud, après plus de 30 ans de croissance, est devenue la douzième puissance économique mondiale. Elle représente l’une des plus grandes métropoles modernes de l’Asie orientale avec une population de plus de 48 millions d’habitants.

22 Juin 2012 : après une semaine de travail, un vernissage d’Art contemporain s’étire au Artsonje Center de Séoul, jusqu’à tard dans la soirée. Dans nos rangs, de jeunes élégants de Séoul, designers, créateurs, historiens d’Art, écrivains, réalisateurs, journalistes, mais aussi des membres de la communauté francophone de Corée du Sud, avec son cortège de diplomates belges et français sont présents. Habituellement le jeudi, tous sont de sortie culturelle dans la mégapole asiatique trendy.

Après le vernissage, nous décidons de dîner dans un restaurant traditionnel de la capitale. Dans la ville, les terrasses des cafés, les boutiques, les galeries d’art, les lounge bars, les restaurants sont bondés.

Séoul, capitale verte de la Corée du Sud, bien qu’à 55 kilomètres de sa frontière à risque avec le Nord, vit entre traditions et ultra- modernités, dotée d’une population de plus de 20 millions d’habitants, périphéries de la capitale incluse.

Tous assis sur des coussins à même le sol à une table basse, je découvre une cuisine des plus raffinées. Le sujet de prédilection gravite autour de la DMZ. Il s’agit du nom de la frontière la plus militarisée au monde séparant le Nord et le Sud de la Corée. Lors du repas, un projet d’exposition à la frontière phagocyte l’intérêt de la majeure partie d’entre nous, sensibles au respect des droits de l’Homme.

Progressivement, d’interrogations en digressions, la conversation dévie, les jeunes Coréens présents nous font part de leurs inquiétudes, de leurs espoirs sur l’avenir de la Corée. "Mais avez-vous tous étudié aux Etats-Unis pour avoir un tel accent américain ? " leur demandais-je. "Bien-sûr, répondent-ils, les Coréens partent en très grand nombre étudier aux USA".

Forces centrifuges de la matière grise, les Etats-Unis demeurent encore au XXIe siècle nimbés de symboliques mythiques. Ils sont une mère patrie, tout autant qu’un paradigme outre-pacifique pour toute une génération d’intellectuels sud Coréens.

"Et en ce moment, êtes-vous en vacances dans votre pays natal ?" "En vacances ? Mais non, nous vivons, travaillons ici maintenant. Nous avons étudié là-bas, nous avons obtenu nos diplômes, et nous sommes rentrés chez nous après notre expérience professionnelle...85% des jeunes expatriés reviennent en Corée du Sud afin de participer au développement économique de notre pays, quelque soit le temps passé aux US".

Je répète comme on répète un rêve... inaccessible : "85% des jeunes expatriés reviennent travailler dans leur pays natal".

L’un des journalistes ajoute : "Le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé dans notre pays : ce taux est de 3,7% en 2012. Mais nous adoptons ici des mesures radicales. Nous avons strictement légiféré récemment sur l’entrée des étrangers dans notre pays afin d’en limiter le nombre. Nous ne pouvons pas nous permettre d’engager à l’extérieur de notre pays, alors que nos compatriotes sont au chômage à un taux aussi important. Cela relève du bon sens."

Les 3,7 % de chômage qualifiés de taux important sonnent en creux...Problématique manifestement insoluble dans certains départements d’Outre-Mer depuis 1946, je re-visite toujours ce même et seul modèle qui fait ses preuves à l’orbe de la planète : l’adoption de lois spécifiques.

22 juin 2012. Ce soir là, dans une rue arborée qui descend en pente douce vers le fleuve Han, je regagne à pied mon hôtel songeuse : "dans nombre de pays symbolisant des modèles de développement du XXIe siècle, il n’ y a aucun secret lié à la lutte contre le chômage. Là où il existe une volonté de réduction du chômage, des actes fermes sont posés juridiquement afin d’atteindre des résultats. A supposer, que non, qu’il n’existerait réellement pas de compétences dans les départements d’Outre-Mer pour certains postes, qu’une telle cooptation de la main d’œuvre hors de nos terres natale s’imposerait, dans quelle mesure le retour au pays natal d’une infime partie des ultramarins expatriés, disposant de compétences et de légitimité certaines, serait-il un rêve inaccessible, 66 ans après la "décolonisation" ? A quand une loi française légitimant la priorité du retour au pays natal des domiens pour tous les postes à pourvoir dans leur île natale ?

Bien que la problématique soit plus complexe et délicate dans les départements d’Outre-Mer, et le contexte économique guère comparable, existe-il réellement des rêves inaccessibles, là où existe une véritable volonté de changement ?

Yola MINATCHY

Mots-clés : Ressources humaines , Corée du Sud