Actualités

Ensemble, osons pour l'Outre-Mer !

Les cahiers des Talents de l’Outre-Mer

Newsletter

Votre adresse email :

Brunch débat du R.T.O.M : La place de l’Outre-Mer dans la mondialisation

Le Réseau des Talents de l’Outre-Mer a reçu le 15 juin dernier Jean-Claude Beaujour, avocat international, politicien, auteur dans le cadre de son brunch-débat trimestriel.

Yola Minatchy, présidente du Réseau, a rappelé lors de l’introduction que la mondialisation économique désigne généralement ce processus d’ouverture des économies nationales sur un marché planétaire, le libre-échange, un processus largement décrié par les thuriféraires du protectionnisme.

Elle a soumis à l’invité Jean-Claude Beaujour deux problématiques :

1. L’Outre-Mer doit-elle contourner l’économie de marché afin de se protéger d’une sorte de darwinisme économique, c’est à dire une sélection naturelle sur le marché qui passe par la loi du plus puissant, du moins cher, du plus performant ?

2. Ou alors l’Outre-Mer doit-elle considérer qu’elle dispose de suffisamemment d’atouts non encore exploités afin d’espérer s’inscrire à terme dans la mondialisation et sortir de son économie sous serre ?

L’orateur Jean-Claude Beaujour s’est attaché à donner un aperçu de sa vision dynamique et constructive quant à la mondialisation.


JPEG
Laurella Rinçon (droite) introduisant Jean-Claude Beaujour


Intervention de Jean-Claude Beaujour


1. Sur la mondialisation et ses avantages

Nombreux sont ceux qui pensent que la mondialisation est à l’origine de nos problèmes et que la solution serait de fermer nos frontières et de "démondialiser." Il n’est pas possible de démondialiser, par exemple, de fermer les frontières, d’arrêter de voyager, de revenir à un monde sans internet. Notre orateur nous fait remarquer que la France a toujours vécu dans la mondialisation, le commerce international ayant toujours existé. Par conséquent, l’Outre mer aussi a toujours été confronté depuis de nombreuses années à la mondialisation dans le cadre de ses échanges internationaux. Il rappelle que la mondialisation ne se traduit pas seulement par l’échange économique. C’est aussi le transfert d’information avec Internet notamment et le transfert des populations. Il précise que nous avons tendance à penser en France que la mondialisation est la cause de tous nos problèmes. Remarquons tout de même, souligne jean-Claude Beaujour que les entreprises les mieux tenues et en réussite sont celles qui échangent avec les pays émergents. C’est cette situation qui crée une certaine compétitivité à l’origine de cette réussite.

2. Sur la mondialisation et ses inconvénients

La mondialisation a pour objectif de créer un rééquilibrage entre les pays, nous rappelle Jean_claude Beaujour. On entend par rééquilibrage, ajoute-il, le fait que les pays pauvres tendent à devenir plus riches et que les pays riches tendent à devenir moins riches. La mondialisation crée des décalages sociaux à grande échelle mais notons que ces décalages ont toujours existé en interne dans les pays. Peux-t-on échapper à cette mondialisation ? Pour garder la tête hors de l’eau, il faut rester en France compétitif. La clé du succès, selon notre orateur, est l’excellence technologique.

3. Sur l’Outre-mer et la mondialisation

La France c’est tout d’abord un territoire : elle possède la plus grande frontière terrestre avec le Brésil grâce à l’Outre-mer en l’occurence la Guyane. Sa position géographique lui est bénéfique sur le pan économique. De plus, avec ses départements d’Outre-Mer, la France est l’un des pays qui a une grande capacité de développement de ses ressources maritimes. La France c’est aussi une population ultramarine présente dans les zones concernées. Cette population permet également de faciliter le commerce international. En effet, une entreprise avec un personnel multiracial, peut faire jouer cette particularité en sa faveur : les clients pourront se retrouver à travers leurs interlocuteurs qui comprendront peut être plus clairement leurs besoins. Les ultramarins facilitent aussi les échanges avec les autres pays de part leur position stratégique. La mondialisation nous oblige à penser consommateur et l’Outre-Mer est dans la "fenêtre de tir". Jean-Claude BEAUJOUR conclut en appelant à l’ouverture : "plutôt que de nous barricader, battons nous…"


Débat


Remarque de Catherine Dalbavie : “Je suis d’accord avec vous mais la mondialisation n’est bénéfique qu’à une partie des populations. En effet, les personnes sans capital culturel sont souvent pénalisées par cette mondialisation car se présente à eux le problème de la formation, de l’économie du social…”


Catherine Dalbavie

Remarque de Laurella Rinçon : Il y a également un gros problème concernant l’apprentissage des langues en France.

Remarque d’une spécialiste linguistique : Les étudiants français ont déjà du mal à parler correctement l’anglais, sans avoir fait de séjours linguistiques dans des pays anglo-saxons. Or, les étudiants étrangers eux parlent français correctement sans avoir étudier en France. Il y a un problème de l’enseignement des langues en France.

Réponse de Jean-Claude Beaujour : L’école doit fournir les armes nécessaires pour avoir un travail à la clé. Il ne s’agit pas de transmettre que du savoir. "Moins de langues et mieux de langues" est l’une des devises de notre orateur. Il y a un réel problème budgétaire, donc une des solutions serait d’enseigner moins de langues mais d’en enseigner une correctement pour que nos enfants soient complètement bilingues car il y a un marché de l’emploi qui nécessite un recrutement d’employés bilingues dans nombre de secteurs. Les étrangers parlent plus de langues que les Français. Dans les cabinets d’avocats, nous préférons engager des étrangers qui parlent correctement plusieurs langues dont le Français, plutôt que des Français qui font un courrier en anglais avec 20 fautes. Nous sommes trop focalisés sur l’Hexagone. Il faut que les jeunes soient plus ouverts.

Remarque de Florence Tantin : L’Outre-Mer n’arrive pas à faire du tourisme pour la riche clientèle. Une des solutions serait le développement durable de haut de gamme. Réponse de l’orateur : le tourisme est l’un des secteurs qu’on a tout intérêt à exploiter car avec cette activité, les emplois ne sont pas délocalisés.


Florence Tantin

Question de Roger Anglo : En quoi la mondialisation est une chance pour l’Outre-Mer ? Comment retirer son épingle du jeu ? Quelle démarche pourrait-on suivre pour une meilleur prise de conscience du statut de l’Outre-Mer ?


Roger Anglo au centre

Réponse de Jean-Claude Beaujour : Il faut que les ultramarins soient convaincus tout d’abord de ce qu’il veulent devenir. Il faut être déterminé dans un premier temps et le reste suivra. Il faut savoir aussi, que c’est à nous d’être présents là où il faut car on ne viendra pas nous chercher. Faisons nous connaître, rendons nous indispensable et c’est comme cela qu’il y aura une prise de conscience de notre statut. Nous devons sortir de cette logique d’échec. Dès l’enfance il faut l’apprendre aux jeunes.

Remarque de Yola Minatchy : C’est un des objectifs de notre Réseau qui met en place d’une part l’opération Les Talents de l’Outre-Mer dans leurs écoles. Des petits groupes de talents se rendent dans leurs écoles dans les départements d’Outre-Mer à la rencontre des plus jeunes afin de témoigner, de les motiver, de les encourager, de les conseiller, de les informer et leur dire : nous aussi nous étions dans ce village, nous aussi nous étions dans cette école, si nous l’avons fait, vous pouvez aussi le faire et vous le ferez mieux que nous. Et d’autre part, le Réseau lance le e-mentorat afin de soutenir, d’encadrer les jeunes qui suivraient les mêmes filières d’études que les talents. Yola ajoute que “par ailleurs, Il est nécessaire pour les ultramarins d’entreprendre de nouveaux projets dans les secteurs d’avenir, comme la mer. Elle rappelle qu’il reste grave que les fonds européens destinés aux projets innovants dans les secteurs d’avenir soient souvent inutilisés ou incompris. Les RUP n’exploitent pas leurs potentiels, il faut informer plus les jeunes sur les alternatives possibles”.

Remarque de Aude Ousananga : il y a trop peu d’ultramarins qui réussissent ou s’investissent.


Michelle Massari (premier plan) et Aude Ouensanga (arrière plan)

Remarque de Estelle Elbe : Ce n’est souvent pas un problème de volonté mais de moyens financiers. Il y a beaucoup de parents au contraire qui se sacrifient pour payer des etudes à leurs enfants dans les DOM. De plus en plus d’ultramarins réussissent.

Remarque de Jean-Philippe Payet : “Nous avons également un potentiel culturel qui est négligé par nos politiques”.


Jean-Philippe Payet

Remarque de Bruno Sainte-Rose : Il faut pouvoir envisager les problématiques rencontrées en Outre-Mer dans un cadre global. Ainsi la recherche de solutions spécifiques aux territoires ultra-marins ouvre des perspectives à l’échelle mondiale dans des lieux présentant des caractéristiques géo-climatiques similaires.


Bruno Sainte-Rose

Remarque de Jean-Claude Beaujour : Bougeons les lignes en allant voir les autres ministères que le ministère de l’Outre-Mer, rue Oudinot.

En conclusion, la présidente du Réseau, Yola Minatchy appelle notamment à la solidarité afin de travailler dans une logique de complémentarité. Elle déclare que dans ce contexte de mondialisation, l’essentiel réside dans le fait que les ultramarins doivent pouvoir garder leur dignité en continuant à produire quelque chose et à subvenir à leur besoin. Elle rappelle l’objectif des brunch-débats qui est de faire bouger des idées et de constituer une force de propositions pour l’Outre-Mer.

texte réalisé par Sandrine Berté


Photos des participants




Photo de la salle



Les soeurs Estelle et Elodie Elbe



Charlie Mamie (à gauche)



au centre Elyane Mavinga



au centre Emmanuel Roseau

Mots-clés : Chef d’entreprise