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Les cahiers des Talents de l’Outre-Mer

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Allyx Fontaine, chercheuse en informatique à Bordeaux

Double diplômée de l’ENSEIRB (Ecole Nationale Supérieure d’Electronique, d’Informatique et de Radiocommunication) et d’un Master de recherche à l’Université Bordeaux I, la Martiniquaise a décroché une bourse lui ouvrant la porte d’une thèse au LaBRI : Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique.

Votre choix professionnel actuel correspondait à une vocation ?

Je peux parler de vocation. J’ai toujours voulu enseigner les mathématiques. Au fil de mes études, j’ai constaté que ce qui m’intéressait dans cette discipline appartenait au domaine de l’informatique. Ma rencontre avec les enseignants-chercheurs que j’ai côtoyés durant mon parcours a suscité chez moi l’envie de faire de la recherche en plus de l’enseignement.

Racontez-nous vos années d’études, votre parcours professionnel ?

Élève au Lycée Schoelcher, j’ai passé un bac S en 2005. J’ai commencé mes études en Martinique en classe Préparatoire de MPSI (Mathématiques Physique Sciences de l’Ingénieur) du lycée de Bellevue. J’y ai découvert une nouvelle approche de l’informatique par le biais de l’algorithmique et la logique. J’ai poursuivi ma prépa au lycée Chaptal à Paris en MP (Mathématique Physique- option informatique).

Les résultats aux concours que j’ai passés m’ont menée à l’ENSEIRB (Ecole Nationale Supérieure d’Electronique, d’Informatique et de Radiocommunication de Bordeaux) en option informatique. J’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur en 2010. En dernière année d’école d’ingénieur, j’ai fait un double cursus, suivant des cours à l’Université Bordeaux I où j’ai obtenu un Master de Recherche. Ce diplôme m’a permis de prétendre à l’allocation d’une bourse m’ouvrant la porte à une thèse au LaBRI (Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique).

Recevoir le prix talent de l’Outre-Mer a-t-il eu un effet bénéfique sur ce parcours ?

J’ai été très heureuse de me voir décerner cette distinction que j’ai reçue comme une reconnaissance de mon travail. J’ai été particulièrement émue de rencontrer tous ces Talents réunis. C’était un moment magique au cours duquel j’ai noué quelques contacts . Cette récompense a été évoquée dans mon laboratoire ce qui m’a valu une « news » sur le site du LaBRI et m’a fait connaître un peu plus dans cet établissement.

Quitter votre terre natale a-t-il été vécu comme un sacrifice, un déracinement, une nécessité ?

Cela m’est apparu comme une nécessité, le parcours que je souhaitais faire n’étant pas disponible en Martinique. Voulant voyager au cours de mes études, je n’ai pas vécu cet éloignement comme un sacrifice, mais plutôt comme une occasion de découvrir un ailleurs. Cependant, il m’arrive d’ être nostalgique. J’ai laissé là-bas ma famille, le soleil, la mer, et de meilleures conditions de vie.

Quelle est votre perception de la situation socio-économique en Outre-Mer ?

Je crains que la récession qui s’installe dans de nombreux pays n’atteigne de plein fouet les pays d’Outre-Mer dont les économies sont de plus en plus fragiles. Chômage endémique, hausse des prix, baisse du pouvoir d’achat, sont autant de facteurs qui assombrissent les perspectives et peuvent décourager financièrement les jeunes Domiens d’entamer des études longues. Je pense qu’en dépit des handicaps économiques, chacun doit pouvoir se réaliser et porter sa pierre à l’édifice.

Votre ressenti par rapport à l’insertion et à la représentativité des domiens au niveau local, national ou international ?

Pour les Domiens, l’insertion dans le tissu économique est plutôt difficile. Au niveau local les diplômés qui font le choix de revenir travailler au pays ont aujourd’hui plus de chance d’être embauchés, et c’est une bonne chose.

Au niveau national, nous avons souvent l’impression d’appartenir à une minorité non visible et d’être en quelque sorte écrasés. Il convient de se battre pour s’imposer. Les choses changent progressivement. Les revendications des ultra marins sont mieux entendues et prises en compte, du fait de l’action des associations, des réussites individuelles et des politiques d’intégration menées par les gouvernements conscients du problème. Les ressortissants de l’Outre -Mer sont enfin mieux représentés dans les instances politiques et au plus haut niveau de l’Etat. C’est une chance que nous devons mettre à profit.

Sur le plan international, chacun doit jouer sa carte et se faire reconnaître par ces compétences et qualités. A l’heure de la mondialisation, il nous appartient de faire rayonner l’outre Mer souvent méconnue.

Comment vivez-vous votre lien avec la France, la mère patrie ?

Je n’ai pas eu de problèmes particuliers ayant appris à relativiser et positiver.

Quel est votre regard sur le pays dans lequel vous vivez actuellement ?

Je vis en France et je crois qu’en dépit de toutes les injustices existant ça et là, la France est le pays des droits de l’homme. La liberté d’expression et de penser sont des valeurs fondamentales.

Que pensez-vous du rôle du C.A.S.O.D.O.M, le comité parisien à l’origine de la création du prix jeune talent et talent confirmé de l’Outre-Mer et de l’impulsion de notre Réseau ?

Bonne initiative. Le gros manque à mon avis, c’est un défaut de publicité autour de cette association dont les actions méritent d’être mieux connues dans toute la France.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes domiens afin de les motiver à suivre le chemin des Talents de l’Outre-Mer, notamment aux jeunes qui sont en proie à des difficultés dans nos îles ?

Prendre connaissance des possibilités qui leurs sont offertes auprès d’associations telles que le CASODOM qui œuvre pour la promotions des jeunes de l’Outre-Mer. Ne pas baisser les bras et persévérer. Le travail paye toujours.

Comment envisagez-vous d’apporter votre contribution à la cause de la mise en valeur de la compétence ultramarine, au Réseau des talents de l’Outre-Mer ?

En en parlant autour de moi, tant en France Métropolitaine qu’à la Martinique et prendre des responsabilités au sein du réseau une fois ma thèse achevée.

Pourriez-vous mettre à terme vos compétences au profit de votre île natale afin d’enrayer le phénomène de fuite des cerveaux ?

Tout à fait, je profite d’ailleurs de mes prochaines vacances au pays pour rencontrer des chercheurs et leur présenter mon travail.

Quels sont vos projets ?

Mon premier objectif est d’avoir ma thèse, puis de voyager autour du monde avant de me fixer. C’est une opportunité qu’offre le métier d’enseignant-chercheur.

Quels sont vos passions, vos loisirs ?

Je fais du judo et du piano.

Quel geste faites-vous au quotidien afin de préserver l’environnement, de réduire votre bilan carbone ?

J’ai la chance de pouvoir aller à pied au travail, ce qui évite de perdre du temps dans les transports. Sinon, un geste bête : éteindre la lumière quand je quitte une pièce ou lorsque je passe devant une pièce vide.

Quelle serait votre cité idéale dans ce monde en mutation, en crise ?

La cité idéale n’existe pas, car rien n’est parfait. Néanmoins je pense qu’il faudrait privilégier la qualité de vie des citoyens qui ne doit pas être sacrifiée pour des raisons de profit et de rentabilité.

Un film, un reportage à recommander ?

« Bienvenue à Gattaca », film d’anticipation réalisé par Andrew Niccol. Bon exemple du précepte : « Quand on veut, on peut ».

Votre nourriture favorite ?

Le « bon manger créole »

Mots-clés : Martinique , Ecole d’ingénieurs , Ingénieur , Etudiant , Bordeaux , Informatique